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Jean Rédélé

Jean Rédélé


  Né à Dieppe le 17 mai 1922, il effectue de brillantes études couronnées par un diplôme de HEC, puis revient dans sa ville natale en décembre 1946 en tant que plus jeune concessionnaire Renault de l’époque, en fondant la société des Grands Garages de Normandie dans les locaux en ruines qu'il loue à son père.

Hormis ses aptitudes commerciales, ses talents d’orateur et de pilote, Jean Rédélé est également un visionnaire, qui, au volant de sa 4CV, va ouvrir l’ère de la nouvelle génération des compétiteurs automobile français.
Il engage, dès 1950, en marge de ses activités professionnelles, une 4 CV au Rallye de Dieppe qu’il remporte dans sa catégorie. S’ensuivront nombre de succès, aux commandes de la petite Renault, sans cesse améliorée.


Le Pilote :
En 1950 il participe au volant de la nouvelle Renault 4CV à sa
première épreuve, le rallye de Dieppe. La nouvelle 4CV 1063 sort
en 1952, il s'engage au rallye de Monte Carlo et prend la tête de
l'épreuve monégasque; il abandonne malheureusement sur casse
moteur dans le tout dernier tour du circuit de Monaco. Il obtient
son plus beau palmarès en Italie, au Mille Miles qu'il remporte à 3
reprises consécutives avec Louis PONS en 1952,1953,1954.

Le nom d’Alpine ne doit rien au hasard : Jean Rédélé l’a choisi en souvenir de ses exploits dans les Alpes.

Alpine :
Jean Rédélé fonde en 1955 la société des Automobiles ALPINE
dont le siège est Rue Forest à PARIS. Son rêve s'est donc
concrétisé, il devient constructeur automobiles. En 1973 les Alpine
Renault de Piot Nicolas et Thérier offrent à la marque française la
première couronne mondiale de l'histoire des rallyes. A la joie
intense succède le désarroi il cède un peu moins de 50% de son
capital à Renault. En 1977 il cède le reste de ses actions et se
consacre à ses autres activités.
Interview de Jean Rédélé :
"Lorsque j'ai créé en 1955 la société Alpine, je ne pensais pas qu'un demi siècle plus tard, les Alpine seraient appréciées dans le monde entier et qu'elles généreraient un tel enthousiasme. Je ne peux que me réjouir de cet état de fait et je tiens à remercier tous les clients, qui, en acquérant nos voitures, ont
contribué au développement d'Alpine."
(extrait de l'ouvrage ALPINE des hommes, des voitures de Jean-Jacques Mancel)

Au cœur de l’été 2007 s’en est allé un grand nom de l’automobile française. le fondateur de notre marque préférée nous a quittés le 10 août 2007 à l'âge de 85 ans.

Jean Rédélé, un entrepreneur passionné

de Gilles Bonnafous

Né le 17 mai 1922 à Dieppe, fils de garagiste, il avait commencé sa carrière en décembre 1946 comme jeune concessionnaire Renault à Dieppe après être sorti d’HEC. Industriel, pilote, passionné d’automobile et meneur d’hommes, il fut aussi et surtout un grand créateur.


Comme nombre d’auteurs de grandes œuvres, qui se forgent un destin d’exception, Jean Rédélé était un perfectionniste. Il faisait preuve d’une exigence à la hauteur de la passion qu’il apportait à son entreprise. Il le reconnaissait bien volontiers et louait à cet égard la compréhension, voire la patience, de ses collaborateurs. Sa classe naturelle et son charisme en faisaient un homme respecté et même admiré de son entourage.
 Homme d’affaires habile et entrepreneur audacieux, Jean Rédélé aimait le risque. Parfois tenté par l’impossible, il possédait un sens aigu du défi. Jusqu’à l’excès même, comme le montre la poursuite cumulée de plusieurs programmes en rallyes, F3, F2 et courses d’endurance… Un bien gros appétit pour une petite marque aux moyens limités.


Jean Rédélé savait par instinct. Bien que n’ayant pas reçu de formation d’ingénieur, il faisait montre d’une réelle compétence technique. Il avait compris par exemple que le poids était l’ennemi, raison pour laquelle il s’était tourné vers ce qui était alors une nouvelle technique, la carrosserie en polyester stratifié — qui, de plus, se révélait mieux adaptée à la production artisanale.

Intuitif, Jean Rédélé a toujours eu l’instinct juste dans ses choix. Celui des hommes notamment. Il savait aussi les motiver par son enthousiasme et palier ainsi la faiblesse des moyens financiers. Il était très fier de l’équipe qu’il avait rassemblée autour de lui. S’il demandait beaucoup à ses collaborateurs, il savait aussi être humain et se montrer soucieux de leur avenir. Lorsqu’il céda son entreprise à Renault, certains d’entre eux sont devenus des figures de premier plan du constructeur de Billancourt, à l’image de Bernard Dudot ou de Jacques Cheinisse.


La fidélité était une autre valeur que l’homme cultivait. Parfois jusqu’à la cécité, comme ce fut le cas à l’égard de Renault, auquel il resta attaché jusqu’au bout. En raison de ses débuts effectués sur les voitures au losange. Aussi sans doute par patriotisme, car changer de partenaire et de motoriste supposait de se fournir à l’étranger. Il en fut bien mal payé de retour.


Toujours tiré à quatre épingles, cravate et pochette assortie, Jean Rédélé était surtout doué d’une élégance naturelle. Altier sans être hautain, il affichait une belle distinction. D’une grande courtoisie, aimable et toujours accueillant, c’était aussi un séducteur. 
Homme d’élégance, Jean Rédélé aimait la beauté. Amateur d’art, il était doué d’un vrai sens esthétique, dont témoigne son chef-d’œuvre, la berlinette. Il n’existait pas de poste de designer dans l’organigramme de Dieppe. C’est lui-même qui assurait la fonction en donnant ses consignes et en supervisant le travail de ses collaborateurs et compagnons.


Volontiers cocardier, Jean Rédélé affichait sa fierté d’être Français. En témoigne cette anecdote rapportée par Hubert d’Artemare : lors d’une de ses visites au salon de Paris, de Gaulle lui demanda « à quoi servaient » les Alpine : « A faire hisser les couleurs de la France, mon général »…


Jean Rédélé a offert à l’automobile française une belle et grande aventure. Et un palmarès riche en lauriers. Je l’avais rencontré à de nombreuses reprises, interviews et entretiens amicaux. Au-delà de l’œuvre qu’il avait accomplie, j’éprouvais pour cet homme un grand respect. Je l’aimais pour les valeurs qu’il portait.
Texte écrit par le regretté Gilles Bonnafous pour Motorlegend.com